Souvenir n°11 :
« Je me souviens de mon grand-père qui se levait de sa chaise devant toute notre tablée pour pousser la chansonnette. »
(Georges Perec, Je me souviens, 1978)
Dans le corpus « Chansons et danses populaires du Mont-Lozère », Nicole Coulomb et Claudette Castell, au cours de leurs recherches ethnographiques avec, pour terrain, le Mont Lozère et les traditions orales, enregistrent le 24 août 1980 à Fraissinet-de-Lozère un couple et un ami interprétant des chansons traditionnelles à tour de rôle et en duo, en français et en occitan. L’un d’eux possède un hautbois avec lequel il joue plusieurs airs de danse, telles que la valse, la scottish, le quadrille, la gigue et la mazurka tournée.
Parmi les airs joués on trouve :
Quants vols ganhar ?
Mariana de Tribès
Devant un pot de vin clairet
Chant « A la montanha » interprété par un agriculteur retraité de Lozère né dans les années 1900
Vesètz los conscrits
Ieu soi lo pastre de montanha
Diga Marion t’en sovenes pas plus
Viens avec moi, mignone, dans les bois
Dans un pré
Veni del Pompido
Quants vols ganhar ?
Le bonhomme qui porte sa femme à vendre
L’ome amb la femna
- Écouter l’archive sonore « Chansons et musique de hautbois sur le Mont-Lozère » : https://multimedia.mmsh.univ-aix.fr/phonotheque-345
- Consulter le catalogue du corpus sur Calames.
Ce souvenir de repas joyeux, associé chez Perec à l'espace familial et à l'image de son grand-père, évoque aussi les enquêtes de l'ethnologue Annie-Hélène Dufour en Provence, et en particulier, cette photographie d'un groupe d'hommes attablés dehors, prise en 1998 dans le Var et évoquant un banquet festif bien arrosé : "Une (petite) maison des hommes : Situés dans des espaces éloignés de la vie quotidienne, les cabanons s’offrent comme des lieux propices à une certaine forme de sociabilité masculine. Les noms qu’on lui donne -ribote, bombance, bringue, virée au cabanon- et qui changent selon les lieux et les époques, indiquent d’emblée le caractère de joyeuse convivialité qui la caractérise. Mais de quoi s’agit-il ? D’assemblées de huit à douze hommes qui se sont choisis et que peut lier, par ailleurs, une passion commune- se réunissant de façon plus ou moins régulière pour y partager, le temps d’une journée ou d’une semaine, ce que l’on pourrait appeler, d’un terme qui n’est pas celui des usagers, des “vacances”. Celles-ci s’organisent autour d’activités comme la chasse, ou la pêche, prennent pour prétexte certaines célébrations liées aux fêtes calendaires, aux rites de passage, ou encore une quelconque situation festive improvisée." (Annie-Hélène Dufour. Des cabanons et des hommes Une forme de sociabilité masculine en Provence. Travaux de la Société d’Ecologie Humaine, 2001, p262. hal-01824946 - https://hal.science/hal-01824946/document) Et vous, à quelle occasion poussez-vous la chansonnette ? Crédit photographique : Annie-Hélène Dufour. Fonds Annie-Hélène Dufour – Espaces en Provence : Reproduction de photographie d'un repas au cabanon dans le département du Var. Photography. Aix Marseille Univ, CNRS, MMSH, Aix-en-Provence, France - Phonothèque de la Maison méditerranéenne des sciences de l'homme, France. 1998. ⟨medihal-01093993⟩
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