Souvenir n°39 :
« Je me souviens de cette classe de CM où j’ai passé une année scolaire, de l’odeur des livres ou de la cire qui marque les vacances, ou bien « d’entendre » ce silence qui angoisse. »
(Georges Perec, Je me souviens, 1978)
Lors de l’évènement Les Silences, témoignages du trauma colonial algérien qui s’est déroulé du 17 au 19 octobre 2023 à la MMSH, je suis passée voir l’installation sonore ‘Haraka’ de l’artiste-chercheur Jérémie Nicolas. Actuellement en stage à la phonothèque, j’ai été particulièrement intéressée par le processus créatif de l’artiste. Celui-ci s’est impliqué dans l’exploration des archives orales, notamment le corpus d’enquêtes de Grégor Mathias intitulé « Récits de vie de harkis », conservé dans notre phonothèque. Son objectif était d’isoler certains silences, de les mettre en musique, et de les faire résonner à travers un dispositif d’écoute constitué de neuf feuilles d’acier. Une approche novatrice pour rendre audibles les silences des voix, écouter les blessures traumatiques, qui a profondément marqué tout ceux et celles qui ont vécu cette expérience inédite.
« Haraka » signifie mouvement en arabe. De ce terme proviennent les mots « harki », un supplétif algérien de l’armée française durant la guerre d’indépendance algérienne, et « harka », la formation de supplétifs, le groupe mobile. Si l’archive des témoignages oraux révèle le ton avec lequel s’articule une parole, elle donne également à entendre les silences, parfois longs et sans issue, qui ponctuent et peuvent déchirer un témoignage. » Jérémie Nicolas
Vous pouvez consulter le corpus des Récits de vie de harkis de Grégor Mathias sur Calames. De brefs extraits sont disponibles en ligne, mais la consultation des entretiens complets s’effectue sur place uniquement, dans les locaux de la MMSH.
En savoir plus sur l’installation de Jérémie Nicolas:
Crédit photographique :
Haraka, installation sonore de Jérémie Nicolas, MMSH, Aix-en-Provence, 15-19 octobre 2023, photographie V. Ginouvès, 16 octobre 2023, CC-BY-NC
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